Romain, retour sur la création du SEL du Pays de Romans

L’origine du SeL de Romans et ses environs remonte aux pentes de la Croix-Rousse, à Lyon !
Ayant adhéré, à Lyon, aux alentours de 95-96, j’avais trouvé l’idée excellente, pertinente, avec des valeurs qui collaient bien à mes aspirations du moment.
Lors de ma migration dans la Drôme, j’ai eu l’envie de semer les graines de ce concept, et s’est rapidement, début 97, que le projet a éclos.

Travaillant à la M.N.E. Maison de la Nature et de l’environnement, je voyais « graviter » des personnes, des énergies qui étaient dans la même dynamique, dans la même optique.
Rapidement, les premières réunions se sont programmées, l’assemblée générale s’est constituée, et sans avoir rien vu venir, je me suis retrouvé président, alors que je n’aspirais pas du tout à ce poste !!

On bénéficiait de la nouveauté, de l’actualité du moment, avec le procès du 1er SeL de France, en Ariège, créé en 1994, de l’énergie d’autres associations, MNE, Ferme de Cocagne, Maisons de quartiers, etc.
C’était l’époque où l’ordinateur prenait de plus en plus de place, mais où l’on faisait quasiment tout à la main !

Je me souviens des premières feuilles du Girofle, illustrée à la main par Sarah, du catalogue à photocopier en 100 exemplaires, les envois, etc. C’était artisanal et tout le monde mettait la main à la pâte, avec comme il se doit la présence des plats et boissons que nous partagions.

Je trouvais qu’il y a avait une belle dynamique, les rôles étaient partagés, on expérimentait des formes de « démocratie », on comptabilisait tous les échanges avec le fameux « chéquier » à clous (carnet à souches en trois parties). Sarah pour des marchés avait même apporté des vrais clous pour matérialiser les échanges !!!
On parlait pas mal du rôle de l’argent, de la consommation, de son rapport aux échanges, etc. Au départ on avait du mal à se défaire du modèle capitaliste (chéquier, équivalence clous/francs/euros), et puis on a commencé par se dire que 60 clous équivalait 60 minutes, pour le même service, que tu fasses du jardinage, du repassage ou du bricolage…

Ce qu’il y avait de formidable, c’est qu’au final, plus que de s’échanger une confiture faite maison, des BD, du vin de sureau… c’était la richesse de rencontrer des personnes avec toutes leurs qualités (et leurs défauts !) et de créer un réel réseau qui au final voyait les échanges se faire mais de manière « officieuse », comme entre amis ! On ne se demande pas de clous entre amis.

C’est à dire qu’une bonne partie des membres se côtoyaient aussi en dehors du SeL, il existait une réelle fraternité, solidarité, qui dépassait le cadre strict de l’association.

La satisfaction était aussi de pouvoir répondre aux personnes qui venaient s’inscrire, mais qui n’avaient pas d’idées pour remplir le catalogue, qu’elles avaient forcément une compétence à offrir !

Et petit à petit, la confiance en soi, le dépassement de la peur de l’autre, la bienveillance, la confiance, autant ingrédients qui prenaient ensemble pour mijoter de belles rencontres.
Didier, Lucie, Louisa, Lise, Sarah, Jean-Pierre, Michel, Odile, et tous les autres.

La première année, il y avait plus de 100 adhérents ! On avait expérimenté une présidence à double têtes, pour éviter qu’un ou une présidente s’encroûte dans la fonction, il y avait des commissions qui permettaient « l’animation » de toute l’association.

Il y avait aussi les rencontres, une fois par mois (?), les permanences (une fois par semaine), les CA…
On a eu aussi des déboires avec le bureau de la MNE, qui voyait dans le SeL, une sorte de contre-pouvoir avec la mairie… (alors qu’il n’en était rien !).
On a eu aussi les critiques de favoriser le travail au noir et donc non déclaré…
On a eu aussi des institutions (ANPE, CAF…) qui demandaient notre témoignage, notre expérience pour « développer » des groupes de personnes pour qu’elles « sortent » de la misère… (sic), démontrant l’incompréhension du fonctionnement des SeL.
Il me semble que beaucoup de projets gravitaient autour du SeL, car une majorité des adhérents étaient impliquées dans d’autres associations, d’autres dynamiques.

Et puis il y a eu le projet de la Boucherie Chevaline, j’ai délaissé le SeL, pour m’investir dans la création du projet, avec Didier. C’est d’ailleurs lors d’une réunion/rencontre/soirée festive du SeL que la boutade, de créer un lieu ouvert le soir sur Romans, est partie !
Mon regret est de ne pas avoir fait « une passation en douceur » entre les 2 associations. Avec le temps, mon ressenti est d’avoir emmené une certaine énergie qui a manqué au SeL pour continuer sereinement…mais j’ai été rassuré quand le SeL 2.0, nouvelle version a pu renaitre !
L’autre regret est de ne pas avoir pû développer plus de liens entres d’autres associations pour grandir en échanges. Il y en a eu un peu avec la Boucherie pour l’achat des boissons en clous.

Ce fût un plaisir, un sentiment de fierté que d’avoir participé à cette grande aventure, cette épopée, et d’avoir pu vivre et faire vivre des rencontres riches en humanité et solidarité.
20 ans, quel bel âge ! C’est avec plaisir que je réécoute les 20 ans de Léo Ferré !

Romain