Présentation du SEL de Die

Ce texte a été écrit par Jean-loup (PINTAUX) séliste de la première heure et , à ses heures, Transducteur de l’Exomémoire voir.
Je vais donc prêter ma voix à Jean-Loup qui dit notre passé, parle de notre situation actuelle et dont le texte, a une portée que je trouve, tout à fait UniverSEL.

Du SEL…(point de suspension)

Nous étions une bonne centaine dans le hall du Pestel (le cinéma de Die), pour créer le SEL diois en juin 1997. Pleins d’entrain et de bonne volonté. On allait changer le monde, le rendre plus humain. Partager, échanger, en dehors du système marchand. Pour anticiper le devenir. A l’époque, il y avait un petit groupe de militants qui « dirigeaient ». Cela tournait. Et puis, au fil des ans, les animateurs(trices) se sont fatigués(es), la fièvre militante s’est quelque peu refroidie, le SEL a commencé à roupiller
Il faut dire que la population Séleuse (sélienne, séliste), dans le Diois, est très volatile. Le Diois est un peu comme un HUB (une gare de triage aérienne), on y passe pour rebondir ailleurs. En langue techno, on parle de fort « turn over ». Et puis, le passage dans le SEL est souvent un moment de solitude, de recherche de repaires (aires) mais aussi de repères (ères), une phase de reconstruction. Après un atterrissage, une rencontre.
Dans les faits, il ne reste plus guère que ceux qui se sont fixés (une cinquantaine aujourd’hui). Toujours les mêmes. Et au grès des évolutions individuelles et collectives, l’hémorragie s’est poursuivie. C’est un peu comme les petits feuillets à liseré noir, sur le comptoir. Tiens ! Un(e) tel(le) ne vient plus. Jeunes et vieux ! C’est un peu comme une famille qui traverse le temps, en perdant des membres.
Les SEL, comme la majorité des structures associatives, n’existent qu’en fonction de l’affirmation – plus ou moins discrète – de l’ego d’un(e) leader, qui agrège les énergies du groupe, par son charisme. On adhère, mais de là à prendre des responsabilités …. ! Nous sommes bien des primates, sous la domination d’un(e) dominant(e). Et c’est bien là un problème ! Le problème de la pérennité d’une structure démocratique, fondée sur le bénévolat.
Parce que la lutte de pouvoir pour éjecter le (la) dominant(e), ce n’est pas vraiment la préoccupation des Sélistes. On y est plutôt apaisé, pas dans la compétition, mais dans le pacifisme. On vient d’ailleurs au SEL précisément pour cela. Et puis, pourquoi diable se mettre en danger, en montant en première ligne? Il faut en vouloir pour s’engager. Au fait ! S‘engager pourquoi ? Pour qui ? Pour échanger quoi ?
La situation générale – quoique de plus en plus gratinée – n’est peut-être pas assez grave pour déclencher une vague d’engagement. Un basculement pour survivre ! Un engagement dans la lutte !
Le SEL est donc un système d’échange. D’échange de quoi ? De biens, de services. Un vide grenier rituel, avec une bouffe – toujours copieuse – pour agrémenter. Mais un vide grenier quand même !
Et un vide grenier, si intéressant qu’il soit, n’est peut être pas un projet économique suffisant pour drainer assez d’énergie. Peut-être sommes nous trop « sages »pour oser ?
Parce que nous parlons bien d’un projet économique alternatif ! Notre projet pourrait-il s’enrichir d’autres propositions ? Davantages de services ? Un « système financier » (entre parenthèses) plus agressif ? Plus entreprenant ? Pourrions-nous nous inspirer des tontines (cette sorte de microcrédit communautaire) ?
Comment nous inscrire dans un projet d’économie alternative, humaine, alors que le point de non retour de l’économie dominante est déjà franchi ? Économie/écologie? Pour moi (Jean-Loup), l’économie dominante, basée de fait sur la micro économie, façon anglo saxonne, est une économie fœtale. Une économie de boutiquier, ignorante de la réalité du monde extérieur, telle que peut l’imaginer un fœtus vivant en parasite dans sa matrice, énergétiquement sous perfusion, totipotent, tout-puissant et se prenant pour le centre du monde. Alors que, une fois sorti de la matrice et le cordon coupé, il faut alors penser en macro- économie, en adulte conscient de son environnement, bref, en écologiste. D’autant que ces cuistres prétentieux, en bons primates en lutte pour la survie, ont la fâcheuse manie de ne se servir que de leur cerveau gauche et de mettre le cerveau droit sous le boisseau. C’est ce qui nous a permis d’être encore là. Mais maintenant, il ne s’agit plus de conquérir, mais de rester. Et là, c’est le cerveau droit qui doit s’affirmer.
Quel rapport avec le SEL, me direz vous ? La nécessité d’un échange !!! Peut – être le SEL pourrait-il aussi être un lieu d’échange culturel, voire spirituel ? Qu’est – ce que l’échange dans une société ? Quel rapport y a t-il entre des neurones qui tissent des dendrites (des réseaux d’échanges) et des synapses entre eux, et le SEL ? Un réseau, une société, un projet….
Notre animatrice principale, militante professionnelle, va aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte (après 20 années dans le diois, quand même, 14 au RADISEL et 3 comme présidente). Nous serons orphelins. Serons-nous capables de nous émanciper de la perte de la mère ? Les Sélistes vont-ils être capables de devenir adultes, et de préserver l’héritage, et la maison familiale ? Le rapport aînés/ juvéniles est élevé, et certains d’entre nous approchent la DLP (la date limite de péremption) ! Mais, cela devrait pouvoir faire, si les juvéniles entreprennent.
Comme souvent, c’est dans la crise que l’adaptation se fait. Si un organisme est viable, il surpasse la crise et s’adapte, parfois en mutant.
Les SEL en 2022 !!! Une fois les premières contractions passées et l’expulsion acquise, nous devrions être là, comme matrice expérimentale d’un projet pour le troisième millénaire.
Le RADISEL a 20 ans, le SEL des 2 Rives et celui du Sud Grésivaudan aussi.
Le temps de l’enfantement. Et une autre génération va émerger, qui portera le monde et inventera l’Humanité.
Le SEL de la vie, le SEL de la terre, le SEL qui agrémente et donne goût à la vie. Privez des biquettes ou des brebis de sel, et voyez ce qui se passe.
Alors, le SEL ? (point d’interrogation)